Relocaliser pour rebondir : l’implantation réussie de Fleur de Mets à Gennevilliers
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Sébastien Le Bescond et Antoine Bethélemy, président et directeur géneral de Fleur de Mets ©Fleur de Mets
Contraint de quitter son site de production de Saint Denis, le traiteur organisateur de réceptions Fleur de Mets a choisi Gennevilliers, au cœur du territoire Boucle Nord de Seine, pour relocaliser ses activités. Une implantation menée avec le soutien des acteurs locaux, qui illustre la capacité du territoire à accompagner la relance et la transformation de son tissu productif.
Après son expropriation de Saint Ouen en 2019, Fleur de Mets a dû quitter son nouveau site de Saint Denis à la suite d’un sinistre en 2024. Comment avez-vous vécu cette période de transition ?
Antoine Berthélemy, DG Fleurs de Mets : Ce départ a été un véritable tournant pour l’entreprise. Nous étions implantés depuis des années dans le 93, dans des locaux que nous maîtrisions parfaitement. L’annonce de notre expropriation de notre site de Saint Ouen dans le cadre du projet de construction du Village olympique, suivie quelques années plus tard d’un incendie ayant endommagé notre laboratoire de Saint-Denis, a évidemment été un choc pour les équipes. Nous avons dû envisager un déménagement complet dans des délais très courts, tout en maintenant notre activité quotidienne. Dans ces moments difficiles, nous avons reçu un formidable élan de solidarité de la part de nos confrères de la filière traiteur - notamment Butard Enescot et Riem Becker - qui nous ont hébergés temporairement et permis de poursuivre nos productions. Mais nous avons rapidement cherché à transformer cette situation en opportunité : trouver un nouveau site capable d’accueillir notre production, nos équipes et nos équipements techniques, tout en préservant notre exigence de qualité et notre ancrage francilien.
Comment s’est organisée la recherche d’un nouveau site ?
Antoine : Après l’incendie de notre laboratoire à Saint-Denis, nous devions agir vite. Nos besoins étaient très spécifiques : de grands volumes, des flux logistiques adaptés, des installations frigorifiques performantes et une bonne accessibilité pour nos équipes. C’est dans ce contexte que nous avons été mis en relation avec l’agence Nexim, qui nous a accompagnés pour identifier un site en adéquation avec nos contraintes techniques et nos perspectives de croissance. Plusieurs options ont été étudiées, mais Gennevilliers s’est imposée comme la solution la plus pertinente, à la fois pour sa localisation stratégique et pour la cohérence avec le tissu économique local.
Camille, l’établissement public territorial Boucle Nord de Seine accompagne les entreprises dans leurs projets d’implantation sur le territoire. Qu’est-ce qui a fait la différence pour Fleur de Mets à Gennevilliers ?
Camille Durand, directrice Développement économique, emploi et formation Boucle Nord de Seine : Le territoire de la Boucle Nord de Seine dispose d’un parc immobilier industriel et artisanal rare en première couronne parisienne. Dans ce type de projet, l’établissement public territorial Boucle Nord de Seine joue un rôle d’interface : nous recevons les projets d’implantation transmis par Geolink Expansion / Immo-HUB, puis nous les orientons vers les bons interlocuteurs — les développeurs économiques des communes et les commercialisateurs locaux. C’est dans ce cadre que le dossier Fleur de Mets a été relayé à plusieurs partenaires, dont Nexim, qui a ensuite pris le relais sur l’accompagnement immobilier. L’objectif reste le même : fluidifier les mises en relation et accélérer les processus de recherche pour des entreprises en situation de relocalisation. Au-delà de la mise à disposition d’un site, l’enjeu était d’accompagner une entreprise en reconstruction : adapter les espaces à ses besoins, sécuriser les délais et offrir un environnement favorable à sa relance. Gennevilliers, avec son port, ses infrastructures et la présence d’un écosystème productif dense, offre une vraie continuité d’activité à des entreprises comme Fleur de Mets.
Le choix de Gennevilliers s’inscrivait-il aussi dans une logique de développement à long terme ?
Antoine : Oui, très clairement. Ce déménagement n’a pas été pensé comme un simple transfert, mais comme une étape de structuration. Le nouveau site nous a permis de moderniser nos équipements, de renforcer nos capacités de production et de repenser l’organisation interne. Nous avons conçu un outil plus efficient, capable d’absorber la croissance et de répondre aux nouvelles attentes de nos clients.
Camille : C’est un point essentiel. Beaucoup d’entreprises viennent sur Boucle Nord de Seine après une phase de transition ou de croissance rapide. Le territoire leur offre des conditions pour se réinventer, pas seulement se relocaliser. Les infrastructures, la densité du tissu productif, les réseaux d’entreprises et la proximité de Paris créent un environnement particulièrement propice.
Quels ont été les principaux atouts du territoire pour réussir cette relance ?
Antoine : Nous avons été très sensibles à la qualité de l’accueil. Tout le monde s’est mobilisé : la Ville, le Port, les acteurs économiques… On sent ici une vraie culture du dialogue et une volonté de faire aboutir les projets. Boucle Nord de Seine s’appuie sur une chaîne d’acteurs réactifs et coordonnés. Les échanges entre entreprises, collectivités et partenaires techniques sont constants. Cela permet de gagner du temps, d’éviter les blocages et de maintenir l’activité même dans des contextes difficiles. La localisation, proche des grands axes et du bassin d’habitat de nos salariés, a aussi été un élément déterminant quant à notre choix de rejoindre Gennevilliers.
Camille : Ce maillage d’acteurs et d’infrastructures est une vraie force. Le port de Gennevilliers est aujourd’hui un espace productif mais aussi un lieu de vie, où se développent progressivement de nouveaux services pour les entreprises et leurs salariés. Dans ses précédentes activités, Antoine évoquait souvent le besoin de lieux de ce type — capables d’accueillir des activités productives tout en favorisant la convivialité et la coopération locale. C’est précisément ce que nous essayons de construire aujourd’hui sur le territoire.
Fleur de Mets est également reconnue pour son engagement RSE. Comment cet aspect s’est-il intégré dans la reconstruction ?
Antoine : C’était une priorité. Nous sommes devenus société à mission en 2025, et nous voulions que notre nouveau site soit en cohérence avec cette démarche. L’aménagement des espaces, la gestion des flux, les circuits d’eau et d’énergie, tout a été repensé dans une logique de performance durable. Notre objectif est de concilier exigence technique et impact positif, au quotidien.
Camille : C’est aussi ce qui fait la spécificité de ce territoire : il attire de plus en plus d’entreprises porteuses de valeurs environnementales et sociales. Pour nous, accompagner ces profils, c’est préparer l’avenir industriel et artisanal du territoire Boucle Nord de Seine.
Et la suite pour Fleur de Mets ?
Antoine : Nous avons retrouvé un outil de production plus performant et pouvons absorber jusqu’à 40 % de croissance supplémentaire. Après une année de transition, l’objectif est désormais de stabiliser notre organisation, renforcer les partenariats locaux et poursuivre notre développement sur la région.
Camille : De notre côté, nous continuons à travailler sur la structuration de l’offre immobilière et l’amélioration des dessertes, notamment autour du port. Des entreprises comme Fleur de Mets démontrent qu’il est possible de combiner relocalisation, exigence technique et engagement durable, dans un territoire qui mise sur la production et l’innovation responsable.
