Directrice opérationnelle du Campus d’excellence Patrimoine, Métiers d’art et Tourisme (PatMAT), Livia Avaltroni revient pour immo-HUB sur le rôle de cette dynamique partenariale notamment dans les filières des métiers de l’artisanat d’excellence dont la maroquinerie fait partie. Un atout évident qui enrichit encore un écosystème quasiment unique dans l’hexagone.

Quel est précisément le rôle du Campus d’excellence, Patrimoine, Métiers d’art et Tourisme ?

Livia Avaltroni : Labellisé « excellence » en 2020, le Campus des métiers et des qualifications Patrimoines, Métiers d’Art et Tourisme a l’ambition de fédérer les acteurs de la filière autour des Patrimoines - dans son acception la plus large - pour renforcer l’attractivité des métiers et favoriser la montée en compétence des apprenants - du CAP au Bac +8 - mais également la formation continue au sein de la région Centre-Val de Loire. L’idée étant d’apporter une réponse concrète et sur mesure aux professionnels du secteur confrontés aux mutations de la filière.

La formation est une des missions prioritaires du Campus d’excellence PatMAT…

L.A : la formation est un sujet majeur pour les apprenants et les entreprises qui formalisent notamment des besoins en lien avec de nouvelles compétences et de nouveaux profils. Dès lors, le Campus - grâce notamment à son réseau - a vocation à se muer en un véritable observatoire des tendances pour anticiper les changements en expérimentant de nouvelles approches pédagogiques ou de valorisation des métiers pour répondre aux besoins des entreprises.

 

Livia Avaltroni,, Directrice opérationnelle du Campus d’excellence Patrimoine, Métiers d’art et Tourisme (PatMAT)

 

Comment ces actions au service de l’attractivité sont initiées ?

L.A : C’est la concertation qui est la clé de voûte de notre action. Toutes les actions mises en place par nos soins le sont suite à des décisions collégiales qui associent les acteurs publics et privés du territoire.  Le Campus se fait le garant du lien entre ces deux communautés et, via l’échange, agrège des problématiques spécifiques pour faire émerger des défis communs et, surtout, imaginer des solutions - qui aient du sens et qui soient partagées par l’ensemble de la filière - pour pouvoir les relever. Un autre atout de cette méthode est de pouvoir couvrir l’ensemble de la chaîne de valeur avec des actions qui vont de la formation à l’insertion dans une entreprise. C’est aussi l’occasion de prendre un peu de recul et de s’appuyer sur les travaux de recherche menés au sein du Campus pour identifier de nouveaux matériaux, de nouvelles techniques, de nouvelles pratiques. Clairement, nous démontrons tous les jours qu’on peut aussi innover dans la formation (rires) !

Le Campus a également un rôle en matière d’ingénierie de projet ?

L.A : Si, de nos échanges avec les professionnels du secteur, une feuille de route se met presque naturellement en place, nous avons également pour mission d’aller chercher des financements, des appels à projet. A ce titre, nous agissons comme une cellule d’ingénierie de projet mais également comme un véritable terrain d’expérimentation à l’échelle territoriale au service des patrimoines. Nous avons la chance en région Centre-Val de Loire de bénéficier d’un écosystème remarquable ; aujourd’hui, il nous faut aller plus loin. Le Campus est en place depuis décembre 2020 et il nous faut trouver le bon équilibre entre actions à effet immédiat et opérations qui s’inscrivent sur le long terme pour anticiper et se doter d’outils et de compétences en adéquation avec les besoins à venir. Un de nos autres challenges est d’ailleurs de capitaliser sur les process déjà existants en Centre-Val de Loire. Il nous appartient de les valoriser, de mieux les faire connaître et de les porter plus loin toujours avec une logique d’évolution et d’analyse critique afin qu’ils puissent s’adapter à un secteur en perpétuelle évolution.

Vous êtes également une formidable loupe du travail mené par les pépites au sein du territoire…

L.A : De nombreuses startups et entreprises font un travail remarquable mais malheureusement elles ne bénéficient pas toujours de la visibilité qu’elles méritent. Grâce au Campus, nous avons la possibilité de lutter contre ce phénomène en les mettant en lumière pour le plus grand profit des professionnels du secteur, mais également de nos apprenants car le partage de leur expérience contribue à compléter leur formation.

 

La transmission des compétences est un des axes majeurs qui anime l'action du Campus d’excellence Patrimoine, Métiers d’art et Tourisme (PatMAT) ©Campus d’excellence Patrimoines, Métiers d’Art et Tourisme

 

Qu’en est-il plus spécifiquement de la filière des métiers d’art dont la maroquinerie est un ambassadeur emblématique sur le territoire ?

L.A : Les métiers de la maroquinerie ont incontestablement de l’avenir en Centre-Val de Loire. Comme pour de nombreux métiers d’art, le principal défi aujourd’hui est de conserver les savoir-faire avec une génération qui approche de l’âge de la retraite. L’enjeu est donc de pouvoir assurer la transmission de ces compétences et je suis convaincue que cette dynamique de réseau permettra de répondre à cet impératif partagé par de nombreux acteurs économiques du secteur.

Comment participez-vous à cette transmission des savoir-faire ?

 L.A : En parallèle de nos missions, nous développons de nombreux projets inter-établissements et inter-partenaires. Pour revenir sur la filière maroquinerie, nous avons – par exemple – lancé le projet Da Vinci Mode qui relie recherche et formation professionnelle. L’objectif : faire se rencontrer des CAP, Bac Pro et DN MADE du secteur de la mode et de la maroquinerie et des étudiants en Master Cultures et Patrimoines de la Renaissance pour produire des pièces uniques : un sac - une aumônière - à partir d’un dessin de Léonard de Vinci et un pourpoint en cuir.  Au-delà du lien avec les modèles scientifiques, ce projet permet de travailler sur les savoir-être et les compétences annexes qui s’inscrivent également dans la formation de l’élève. D’autres projets du même type sont mis en place dans l’ensemble des filières valorisées par le Campus. C’est, par exemple, le cas avec la Chapelle Saint-Hubert du Château Royal d’Amboise dans le cadre d’un projet de restauration du patrimoine bâti. À chaque fois, il s’agit de développer le lien avec les professionnels en profitant du formidable capital de la région Centre-Val de Loire mais aussi de mieux maitriser les rôles de chacun - et les fonctions qu’ils occuperont demain - dans l’optique de futures collaborations. Si je devais résumer, je dirais que nous sommes là pour apporter de la transversalité et contribuer ainsi à l’insertion professionnelle des apprenants.

Des évènements qui permettent de tisser du lien avec les professionnels du secteur des métiers d'art ©Campus d’excellence Patrimoines, Métiers d’Art et Tourisme

 

Un objectif directement en lien avec l’attractivité des métiers…

Comment attirer des jeunes ou des personnes en reconversion ? C’est l’objectif qui sous-tend tout notre travail. Dans ce but, le Campus mène de nombreuses actions sur les réseaux sociaux, réalise des podcasts ou encore des vidéos pour valoriser les formations mais également donner la parole aux professionnels qui peuvent faire découvrir leur métier. En parallèle, nous intervenons lors d’évènements ou salons aux côtés des collectivités pour mettre en avant les établissements et les métiers du patrimoine en Centre-Val de Loire. Outre la valorisation de métiers qui ont été sévèrement touchés par la crise, nous souhaitons également injecter de nouveaux talents dans la filière pour l’enrichir et voir s’ils sont susceptibles de répondre aux attentes des professionnels du secteur.

Un dernier mot sur le Campus ?

Un peu à l’image de ce qui se passe dans les startups, le Campus privilégie l’agilité et s’adapte aux besoins des acteurs de la filière. Un positionnement, placé sous le signe de la transversalité, qui nous permet d’apporter du liant à des métiers qui ne travaillent pas toujours spontanément ensemble. Notre valeur ajoutée, c’est cela : grâce à une vue plus globale, faire émerger le dénominateur commun entre les filières pour faire naître de nouvelles opportunités de collaborations ou de synergies.

 

Sous l'égide du Campus d’excellence Patrimoine, Métiers d’art et Tourisme, la Chapelle Saint-Hubert du Château Royal d’Amboise a généré de nombreuses synergies entre professionnels et apprenants ©Château Royal d'Amboise

« Les métiers de la maroquinerie ont incontestablement de l’avenir en Centre-Val de Loire »

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