La montée en puissance de la mobilité électrique

La montée en puissance des véhicules électriques et hybrides en Europe s’intensifie : le nombre d’immatriculations a augmenté de 40% en Europe en 2017. Cela représente près de 150.000 unités, selon les statistiques publiées par l’Association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere-France).

Sur le marché européen, la France se hisse au 2ème rang en nombre d’unités vendues après la Norvège (Fr = 31.000 / No = 34.000). A titre de comparaison sur le marché mondial, la Chine est devenue le leader incontesté de la production de véhicules électriques avec plus de 468.000 unités vendues en 2017. Cela représente une augmentation de 82% selon les derniers chiffres de la China Association of Automobile Manufacturers (CAAM).

En France, le niveau des immatriculations est encore très faible (1% du total des véhicules en 2017) alors qu’il atteint déjà 30% en Norvège. Mais le sujet de la mobilité électrique commence à s’inscrire dans le paysage et les experts misent sur l’atteinte de 65% des parts de marché à horizon 2030.

Le marché de la voiture autonome en France

L’IPSOS a publié en mai 2018 une étude concernant l’intérêt des consommateurs vis-à-vis de ce secteur en pleine effervescence. Menée auprès de 28 pays à travers le monde, l’enquête démontre que si les principaux atouts de ce mode de transport sont validés, seuls un quart des personnes interrogées seraient réellement prêtes à passer le cap.

Pour l’utilisateur, les bénéfices induits par la voiture autonome au niveau du temps et du confort sont largement contrebalancés par la peur de la perte de contrôle. Un argument discutable quand on sait que l’erreur humaine est responsable de 90% des accidents de la route (alcoolémie 31% - vitesse 25% - distraction 21% - fatigue 8%) les 10% restants étant partagés entre les mauvaises conditions météorologiques et les pannes matérielles.

Du point de vue de la législation, le gouvernement s’est largement mobilisé en faveur du développement de cette technologie. Emmanuel Macron a présenté en mai des éléments de la loi Pacte qui prévoit d’autoriser les tests à grande échelle sur la voie publique en 2019 et la circulation libre des véhicules en 2020.

En comparaison, l’expérience de la Norvège montre que le développement du marché des véhicules électriques repose sur la mise en place au niveau national de stratégies volontaristes. Des exemptions fiscales significatives (absence de TVA, etc.) et des mesures incitatives concrètes (parkings gratuits en ville, accès libre aux couloirs de bus, etc.) expliquent la position de leader de ce pays.

Autant de facteurs qui montrent le travail de fonds qu’il reste à entreprendre en France.

Les nouveaux marchés et les investissements à venir

Selon une analyse de McKinsey communiquée en 2017 (« Analyzing star-up and investment trends in the mobility ecosystem »), les investissements moyens annuels dans la voiture électrique sont passés, au niveau mondial, de 400 millions de dollars pendant la période 2010-2013 à 1,7 milliards en 2014-2017. En Europe, la croissance est similaire.

Portés par les technologies, un nouvel écosystème TIC et mobilité se développe.

Un premier point concerne les infrastructures, plus particulièrement le marché des bornes de recharge et sa mutation vers le concept de « bornes intelligentes ». La production d’électricité renouvelable devra augmenter pour faire face à la nouvelle demande générée par les véhicules électriques. De nombreux acteurs se positionnent aujourd’hui et le gouvernement fait passer ses messages : augmenter à plusieurs millions le nombre de bornes de recharge sur le territoire national (20.000 sont actives aujourd’hui).

D’une manière générale, l’intégralité des activités composant la chaîne de valeur du véhicule électrique va connaître des évolutions portées par des investissements de grands groupes, PME ou start up.

En effet, la fabrication des châssis et moteurs n’ayant plus de secret pour les acteurs historiques (Renault, PSA…), l’innovation se fait principalement autour des start-up, PME sous-traitantes et bureaux d’études qui développent des systèmes d’extraction énergétique, des batteries, pièces de véhicules, smart grids et autres systèmes informatiques en charge des calculs de navigation. Pour ce dernier domaine on peut citer KALRAY, un concepteur grenoblois de microprocesseurs qui s’est rapproché du groupe Renault dans le cadre de plusieurs missions : des véhicules civils comme militaires.

Malgré les échéances annoncées, des investissements sont déjà visibles. Cette année on peut citer la PME FORSEE POWER*, un acteur français spécialiste des batteries. L’entreprise anticipe déjà les besoins de ce nouveau marché et augmente ses capacités industrielles avec une nouvelle usine à Poitiers (300 emplois).

La mobilité électrique appliquée aux transports va entraîner un flux de services et de datas à valeur ajoutée qu’il va falloir apprendre à gérer. Les marchés autour de la Mobility as a Service (MAAS), le véhicule connecté, le paiement en ligne, les services numériques et le traitement des données… sont autant de sujets porteurs de croissance qui ont un lien direct avec la mobilité.

Par ailleurs, ces technologies vont influer considérablement les marchés du e-commerce et des services à la personne. Les entreprises spécialisées dans la distribution de colis comme Amazon bénéficieront pleinement du procédé et procèderont probablement à des investissements afin de réduire leurs charges salariales. La loi Pacte prévoit d’ailleurs plusieurs niveaux d’autonomie, le maximum 5 correspondant à l’absence totale de conducteur et la possibilité de faire circuler des véhicules-livreurs automatisés au milieu des usagers.

Le système est également intéressant dans le cadre de la circulation au sein des espaces aéroportuaires, les navettes pouvant desservir rapidement les différents terminaux. A Roissy, le groupe ADP s’est positionné afin de faire relier son siège social à l’aéroport. Il faut cependant noter que pour l’instant tous ces procédés sont en phase d’expérimentation et les trajets actuellement programmés ne dépassent pas le km.

Le rôle des territoires dans le développement de la filière

Les principales difficultés rencontrées en France viennent des infrastructures routières elles-mêmes. Si les villes des États-Unis sont organisées autour d’une structure en damiers propice à l’automatisation des déplacements, la France présente elle un schéma chaotique difficile à intégrer dans un ordinateur. Les stations de recharge sont peu nombreuses.

La voiture intelligente demande encore des aménagements spécifiques et une importante refonte du cadre juridique avant de devenir une réalité en France. Outre l’accompagnement direct des entreprises, il est primordial que les territoires investissent massivement dans la modernisation de leurs infrastructures routières s’ils veulent un jour voir passer des voitures sans pilote.

Les projets de mobilité électrique avec Rouen Métropole

La Normandie est un exemple de territoire ayant pris des engagements forts dans cette filière. Depuis 2011, la région pilote un plan d’actions articulé entre le soutien des entreprises, des opérations de R&D en partenariat avec le groupe Renault, une aide à l’acquisition de véhicules électriques pouvant atteindre 50% du prix d’achat et un plan d’aménagement des infrastructures de recharge.

La Métropole de Rouen a participé au projet de service de mobilité à la demande « Rouen Normandy Autonomous Lab », aux côtés de Transdev, de la Matmut et de la Caisse des Dépôts. Pour la première fois en Europe, une flotte de véhicules autonomes et électriques va être déployée sur routes ouvertes et sera mise à disposition du public, et ce dès septembre 2018.

La région de Rouen se positionne sur d’autres projets innovants en lien avec la mobilité, comme le concept de MaaS qui offre l’intérêt de combiner les différents moyens de transport en un seul service de mobilité. Ce projet retenu dans le cadre du 3ème Programme d’Investissements d’Avenir associe la Métropole de Rouen avec les partenaires industriels, les pôles, les filières et les instituts de recherche.

Le plan de développement régional prévoit 550 stations de recharge publiques d’ici 2019, le territoire national en compte aujourd’hui 20.000. 

Le marché des véhicules autonomes en pleine croissance

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